En 1826 Nicephore Niepce a créé la première photographie permanente.
Dans les derniers 180 ans, l’exposition photographique et la possibilité d’immortaliser toujours plus aisément une image instantanée a géré une diversité fascinante d’interprétations et d’utilisations de l’appareil photographique.
En essence, la photographie ne devient pas seulement un prisme artistique par l’intermède duquel on peut exprimer sa propre vision sur le monde, mais aussi un instrument rigoureux, presque criminalistique, avec lequel on analyse la réalité dans un isolement purement visuel (comme photographe on n’est pas une part active du milieu qu’on observe et la photographie échappe à la complexe pollution sensoriale qui fait indubitablement part de la réalité d’«être présent»).
L’analyse d’un point de vue strictement compositionnel des deux architectures qui marquent les pôles opposés d’un siècle constitue le thème et, en même temps, l’instrument principal des deux photographies.
La voûte ogivale peut appartenir de point de vue stylistique au XII-ième siècle. Mais la photographie est tirée sous l’arcade principale d’un édifice construit en 1913. L’édifice est la Tour Cleveland et fait partie intégrante du bâtiment qui abrite les études de troisième cycle (Graduate College) à l’Université Princeton. Le style est l’unique Gothique Collégial, adopté par beaucoup d’universités au début du XX-ième siècle. Il a été adopté y compris par Ralph Adams Cram, l’architecte principal du complexe résidentiel dédié aux étudiants à Master. Graduate College est la première résidence des États Unis vouée exclusivement aux études post-universitaires.
Pourquoi gothique? Pourquoi un style architectural classique? Purement iconographique. Au début du XX-ième siècle la plupart des bâtiments avec un message social et intellectuel fort ont utilisé des styles et des effets architecturaux empruntés de l’histoire pour imposer leur présence visuelle. Le style devient un symbole du «sérieux», de la permanence et de la légitimité de l’institution. La charge historique d’une typologie est transférée cognitivement sur une nouvelle construction, lui conférant dès le début une stature intellectuelle supérieure. Le bâtiment devient un symbole; regardé de dehors, il est un objet égocentrique, préoccupé principalement par son propre existence.
Le Centre d’Art Walker de Minneapolis est considéré comme l’une des cinq principales institutions d’art aux États Unis. La nouvelle aile, ouverte en 2005, est sans doute un projet représentatif pour la mentalité des architectes suisses Hertzog & DeMeuron. Le bâtiment devient un catalyseur, un conteneur d’activités et d’opportunités d’interagir avec l’art et le milieu environnant d’une manière qui n’est pas influencée chorégraphiquement dès le début.
Le parcours par le musée est parsemé avec des moments de réflexion, pas nécessairement sur l’art exposé là-dedans, mais sur l’emplacement du bâtiment dans un contexte physique, social et culturel. L’architecture devient un agent de l’extériorisation et de la possibilité de nous réintégrer dans la nature. La principale qualité est l’habilité du bâtiment de «disparaître» comme objet, d’encadrer des perspectives et de transmettre délibérément la phénoménologie de l’espace.